Le pique-nique avec le Pacha

Un instant un peu inhabituel ce midi…

Assis au bord du Gardon, je dégustais mon casse-croûte au soleil. Un grand papillon est venu renifler mes provisions. Il était méfiant et au moindre de mes gestes, il s’éloignait… puis il revenait…

Visiblement mon pain aux céréales l’intéressait beaucoup… Il glissait sa trompe dans les trous de la mie, comme s’il voulait en aspirer le nectar. Au bout d’un court moment il s’est habitué à mes gestes, s’est encore approché et a glissé sa trompe … dans un peu de moutarde ! Je peux affirmer que ça ne lui a pas plu : il est venu se poser encore plus près de moi, et a frotté sa trompe sur un galet pour se débarrasser de la moutarde. A cet instant j’ai eu un peu pitié de lui, et pour lui venir en aide, j’ai machinalement approché de lui un petit reste de melon, exactement comme si j’étais en présence d’un animal familier, chat ou chien. Il n’a eu aucun mouvement de recul et, bien au contraire, s’est mis à essuyer sa trompe sur la chair juteuse, puis à tâter la pulpe du fruit tout près de ma main. Manifestement ce goût-là lui plaisait bien plus que celui de la moutarde ! C’était bien plus rafraîchissant…

Mais la chair du melon était trop ferme et sa trompe ne pouvait y pénétrer… De la pointe de mon couteau j’ai alors entaillé la surface d’un petit quadrillage. Et là, pour lui ce fût le bonheur ! Il plongeait sa trompe dans les interstices et se gavait de jus de melon, juste là, au bout de mes doigts ! Délicatement, j’ai pu les déposer, lui et son bout de melon, pour avoir les mains libres et poursuivre moi aussi mon repas… C’est à ce moment-là que j’ai pris conscience d’un drôle de sentiment d’échange, de connivence avec ce petit animal avec lequel il peut sembler impossible de communiquer. Nous étions là posés tous les deux au soleil, lui tout près de moi à siroter son jus et moi à terminer mon fromage… En fait, il avait commencé par rapidement me faire confiance, ce qui m’a permis de m’intéresser à lui, de l’observer, et de me rendre compte de l’incident de la moutarde. Ensuite, au vu de ma réaction, sa confiance n’a fait d’augmenter, et ma curiosité aussi… ce qui nous amène là, assis côte à côte comme deux vieux copains !  J’ai même pu lui tirer le portrait, ce qui m’a permis de déterminer qu’il s’agissait d’un Pacha à deux queues (charaxes jasius). Merci, Pacha, pour cet instant de partage.

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